- BOURRÉE
- BOURRÉEBOURRÉEDanse française populaire, d’origine inconnue (l’étymologie est incertaine). Avec Marguerite de Valois, la bourrée est déjà danse de cour (1565), et fait partie de la suite après 1650. Elle est toujours d’allure alerte et joyeuse, avec un levé d’un temps et de fréquentes syncopes sur le deuxième et le troisième temps. Sa forme comprend une mélodie de quatre mesures répétées et suivies d’une conclusion. Dans le Limousin et en Auvergne, elle est ternaire (avec deuxième temps léger); dans le Berry, le Bourbonnais, le Languedoc et le Rouergue, elle est de structure binaire. Elle entra dans l’opéra-ballet de Campra et Destouches. Lully, Charpentier, Muffat, Haendel, Bach écrivirent de nombreuses bourrées. À la fin du XIXe siècle, dans un esprit d’inspiration folklorique, Saint-Saëns, Chabrier, Roussel, Schmitt y eurent recours.• 1326; de bourrer1 ♦ Région. Fagot de menues branches.2 ♦ (1565; elle se dansait autour d'un feu de fagots) Danse populaire de diverses régions du centre de la France; air sur lequel on l'exécute. La bourrée auvergnate. — Chorégr. Pas de bourrée : pas de danse classique.bourréen. f. (Québec) Effort de courte durée mais intense, produit pendant un travail. Donner une bourrée.I.⇒BOURRÉE1, subst. fém.Assez rare au XXe s. Fagot de menues branches; plus particulièrement menues branches dont on bourre l'intérieur du fagot. Brûler une bourrée, chauffer le four avec des bourrées (Ac. 1798-1932) :• La suie qui la revêtait [la plaque de cheminée] s'enflammait parfois dans le feu clair des bourrées, et des rougeoiements y couraient, pareils à des chenilles lumineuses.MOSELLY, Terres lorraines, 1907, p. 5.SYNT. Les bourrées de bois sec (R. MARTIN DU GARD, Le Testament du Père Leleu, 1920, p. 1150), bourrée d'osier; un fagot de bourrées, un tas de bourrées de genêts (FLAUBERT, Correspondance, 1848, p. 82), casser de la bourrée sur son genou (ID., La 1re Éducation sentimentale, 1845, p. 19).— Emploi métaph. Une grosse bourrée de rues étroites et courtes (ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, Le 6 octobre, 1932, p. 209).— Proverbe. Fagot cherche bourrée. ,,Les gens de même sorte sont volontiers en commerce les uns avec les autres`` (Ac. 1798-1878).Prononc. ET ORTH. :[
]. GATTEL 1841 recommande de prononcer ,,r forte``. FÉR. Crit. t. 1 1787 propose la graph. bourée avec un seul r.
Étymol. ET HIST. — 1326 (Cartul. de l'hôpital de St-Jean-en-L'Estrée d'Arras, 133, dans QUEM.).Part. passé fém. de bourrer (proprement « ce avec quoi on bourre un fagot »).STAT. — Fréq. abs. littér. :44.BBG. — POHL (J.). Étymol. de bourrée. Fr. mod. 1949, t. 17, p. 127.II.⇒BOURRÉE2, subst. fém.A.— Danse populaire et folklorique d'Auvergne et des provinces environnantes : Limousin, Berry, etc., devenue également danse de cour au XVIe siècle. La bourrée fut introduite à la cour en 1565 par Marguerite de Valois, fille de Catherine de Médicis, et y resta à la mode jusqu'au règne de Louis XIII (Lar. 19e-20e); danser une bourrée, faire un pas de bourrée (Ac. 1798-1932) :• ... lourds et bondissants, ils dansaient à quatre la bourrée. Sans parler, ils avançaient, reculaient, s'entre-croisaient, tandis que les autres chantaient en battant des mains. Et les coups de talon, roulant menu comme baguettes sur tambour, quand il le fallait, sonnaient au plancher, et ébranlaient l'auberge.POURRAT, Gaspard des Montagnes, Le Château des sept portes, 1922, p. 228.— CHORÉGR. Pas de bourrée. Pas de danse académique (cf. A. MEUNIER, La Danse classique, 1931, p. 164).B.— Air de musique à deux temps qui a deux parties égales, chacune de huit mesures (écrit en 2/4 ou en 3/4), sur lequel on danse la bourrée. Jouer une bourrée, chanter une bourrée (Ac. 1798-1932). Cf. POURRAT, Gaspard des Montagnes, Le Château des sept portes, 1922, p. 60.— Spéc., MUS. Air de bourrée à deux temps intégré à la suite instrumentale par des compositeurs comme Lully, Rameau, Haendel et Bach. La Bourrée fantasque de Chabrier. (Cf. V. D'INDY, Cours de composition musicale, t. 2, 1897-1900, p. 105).Rem. Le vocab. de la chasse possède un homon. signifiant ,,chasse aux cailles qui se fait avec un hallier [sorte de filet]`` (Ac. Compl. 1842; attesté encore dans BESCH. 1845, Lar. 19e, LITTRÉ, Nouv. Lar. ill., QUILLET 1965).Prononc. :[].
Étymol. ET HIST. — 1642 (OUDIN, Recherches italiennes et françoises, Paris).Soit même mot que bourrée1, cette danse se faisant autour d'un feu de joie (Fournier dans Fr. mod., t. 16, pp. 171-175; EWFS2; DAUZAT 1973; cf. l'évolution de brandon, FEW t. 15, 1, p. 243b); soit part. passé fém. substantivé de bourrer au sens de « maltraiter, porter des coups » (FEW t. 1, p. 642a; BL.-W.5) en raison des mouvements violents de cette danse.STAT. — Fréq. abs. littér. :24.BBG. — FOURNIER (P. F.). Deux noms de danses auvergnates : bourrée, gognade. Fr. mod. 1948, t. 16, pp. 171-177. — POHL (J.). Étymol. de bourrée. Fr. mod. 1949, t. 17, p. 127.1. bourrée [buʀe] n. f.ÉTYM. 1326; p. p. fém. de bourrer.❖———0.1 Les moutons hors de l'ombre, à travers les bourrées,Font bondir au soleil leurs toisons éclairées (…)Hugo, les Châtiments, IV, 10.0.2 Pierre, c'était le nom du vieux serviteur, prit une poignée de bourrées, la jeta sur le feu à demi mort; les brindilles craquèrent et se tordirent et bientôt la flamme, poussant un flot de fumée, se dégagea vive et claire au milieu d'une joyeuse mousqueterie d'étincelles.Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, p. 17.———II (1642; introduite à la cour en 1565, elle se dansait autour d'un feu de fagots). Danse du folklore auvergnat. || Danser la bourrée. || Pas de bourrée. → 1. Pas, cit. 43. — Par ext. Air sur lequel on exécute cette danse. || Jouer une bourrée à la cornemuse (cabrette), à la vielle, à l'accordéon.1 Des demoiselles qui dansent la bourrée dans la perfection.Mme de Sévigné, 277.2 (Elle) commença à sautiller avec tant d'orgueil et de prestesse, que jamais bourrée ne fut mieux marquée ni mieux enlevée.G. Sand, la Petite Fadette, XIV, 105.❖HOM. 2. Bourrée, bourrer.————————2. bourrée [buʀe] n. f.ÉTYM. D. i. (XXe); de bourrer.❖0 Et elle a encore une heure de trajet pour descendre, une heure pour remonter, en pleine bourrée.Hervé Bazin, Cri de la chouette, p. 205.❖HOM. 1. Bourrée, bourrer.
Encyclopédie Universelle. 2012.